La psychanalyse telle que conçue par Freud à la fin du 19e siècle répondait à des problématiques spécifiques à cette période (hystérie, névroses etc.)
Après plus d’un siècle de pratique, la discipline a donc dû se réinventer afin de s’adapter à des troubles et comportements nouveaux.
Le monde s’est radicalement transformé durant les dernières décennies, et avec ces transformations sont arrivées de nouveaux maux et de nouvelles craintes propres à notre époque.
Dans la perspective lacanienne, les souffrances psychologiques se produisent comme étant liées à des problématiques liées à la parole, au désir et à la relation avec l’Autre. Lacan souligne l’importance du langage dans la construction de l’identité et dans la façon dont nous nous rapportons aux autres. Il met en avant le concept de “parole-objet”, qui désigne le pouvoir du langage de façonner notre expérience subjective.
Lacan a également rencontré l’accent sur le concept de “manque”, affirmant que la souffrance psychologique découle de notre relation avec ce qui nous manque des éléments. Selon lui, ce manque est inhérent à la condition humaine et se manifeste dans le désir insatisfait.
La pratique de la psychanalyse lacanienne vise à explorer les discours, les signifiants et les symptômes qui structurent la subjectivité d’un individu. Le travail analytique consiste à aider le patient à identifier et à reconnaître les schémas inconscients qui contribuent à ses souffrances psychologiques. Cela peut impliquer l’interprétation des rêves, l’analyse des lapsus, l’exploration des associations libres et d’autres techniques spécifiques à la psychanalyse.
La psychanalyse lacanienne s’inscrit dans une tradition plus large de la psychanalyse freudienne, mais elle met l’accent sur des concepts spécifiques développés par Lacan, tels que le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel. Elle offre une approche théorique et clinique unique pour aborder les souffrances psychologiques, en mettant en évidence l’importance de la parole, du langage et de l’inconscient dans la formation de notre expérience subjective.
L’utilisation excessive des technologies et des réseaux sociaux peut entraîner des problèmes de santé mentale tels que la dépendance, l’isolement, l’anxiété sociale et le développement d’une faible estime de soi.
L’Autre joue un rôle central. Il désigne à la fois l’Autre en tant que personne avec laquelle nous interagissons et l’Autre symbolique, qui représente le système symbolique et les normes sociales. Les réseaux sociaux peuvent influencer notre rapport à l’Autre en nous exposant à un grand nombre de voix, d’opinions et de jugements. Cela peut entraîner des problèmes d’identification, de comparaison et d’estime de soi, ainsi que des difficultés à établir des limites entre soi et les autres.
En ce qui concerne l’inconscient, la psychanalyse lacanienne s’intéresse aux processus inconscients qui influencent notre comportement et nos pensées. Les nouvelles technologies peuvent agir comme des catalyseurs pour certains aspects de l’inconscient, tels que le désir, la pulsion et la jouissance. Par exemple, les jeux en ligne, les plateformes de streaming ou les contenus pornographiques accessibles en ligne peuvent déclencher des compulsions et des dépendances, impactant ainsi la santé mentale et le bien-être.
La psychanalyse lacanienne peut aider à explorer les effets de ces nouvelles technologies sur la subjectivité et à comprendre comment elles peuvent contribuer aux troubles psychologiques. Elle encourage l’analyse des discours, des symptômes et des fantasmes qui se déploient dans ces contextes technologiques, afin de permettre au sujet de retrouver une plus grande autonomie et une relation plus saine avec les nouvelles formes de communication et de relation sociale.
Ils peuvent également conduire à des comportements favorisant l’apparition d’autres troubles : hyperactivité chez l’enfant, manque de sommeil lié à l’utilisation prolongée des écrans, troubles du comportement alimentaire dus à des complexes construits par la comparaison à autrui, etc. On constate par ailleurs une présence plus fréquente des mécanismes de déni dans ce type de troubles.
La dépression est un trouble de l’humeur caractérisé par une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour les activités, une fatigue, des problèmes de sommeil, des changements d’appétit et une difficulté à se concentrer au quotidien.
L’anxiété se manifeste par une inquiétude excessive, des pensées négatives, des tensions musculaires, des troubles du sommeil et des attaques de panique. Le stress, quant à lui, est une réaction excessive à des facteurs externes tels que le travail, les relations ou les pressions financières.
Ces phénomènes peuvent entraîner des répercussions plus ou moins graves sur la vie personnelle et professionnelle d’une personne (addictions, perte d’estime de soi, difficultés sociales etc.) D’autre part, au-delà de l’aspect mental, ces affections peuvent toutes avoir des conséquences physiques, et leur fréquence comme leur intensité se sont développées ces dernières années avec la multiplication du nombre de facteurs (surmenage au travail, stimulation excessive notamment liée aux écrans…)
Dans une société ou les comportements humains évoluent à toute vitesse, il est difficile de conserver des approches standardisées pour les analyser et les traiter. Les techniques utilisées en psychanalyse ont donc elles aussi dû évoluer.
On retrouve ainsi dans de nombreux cabinets un cadre plus souple, plus humain, où l’analyste est moins séparé du patient lors des séances. Nombreux sont ceux qui vont favoriser l’entretien en face à face au détriment du divan, ou laisser davantage de liberté au patient quant aux modalités des séances.
En clair, ils favorisent aujourd’hui des méthodes adaptées aux nouveaux modes de vie des patients qui, habitués à l’instantanéité, veulent guérir plus vite, peut-être parfois trop vite… Il reste important de rappeler que la psychanalyse est un travail qui doit être réalisé en profondeur, bien souvent sur des années.
Bien entendu, une grande part des psychanalystes contemporains continuent de reproduire quasiment à l’identique la méthode freudienne instaurée aux prémices de la discipline, mais les critiques à l’égard de cette approche ont pris de l’ampleur avec le temps, particulièrement au 21e siècle. Il y a toujours eu plusieurs écoles en psychanalyse, et il est important que plusieurs d’entre elles perdurent afin que chaque patient puisse s’y retrouver.
L’évolution de la psychanalyse lacanienne se manifeste à la fois sur le plan théorique et clinique. Sur le plan théorique, des psychanalystes ont exploré et approfondi les concepts clés de Lacan tels que le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel, ainsi que les notions de parole, de désir et de manque. Ils ont également intégré des idées issues d’autres domaines, tels que la linguistique, la philosophie, la théorie du genre et les études culturelles, afin d’enrichir et d’actualiser la théorie lacanienne.
Sur le plan clinique, la psychanalyse lacanienne a également évolué pour s’adapter aux nouvelles réalités de la souffrance psychologique. Elle a exploré les problématiques spécifiques liées aux nouvelles technologies, aux réseaux sociaux, à l’identité numérique et aux formes contemporaines de la subjectivité. Les psychanalystes lacaniens ont adapté leurs approches cliniques pour tenir compte de ces nouvelles problématiques et ont développé des stratégies d’intervention spécifiques pour aider les patients à naviguer dans ces contextes.
De plus, la psychanalyse lacanienne est pratiquée et étudiée dans différents pays et cultures, ce qui a permis l’émergence de perspectives variées et d’applications spécifiques à chaque contexte. Les psychanalystes lacaniens ont collaboré avec d’autres disciplines et se sont engagés dans des dialogues interdisciplinaires, ce qui a également contribué à l’évolution de la discipline.
Pour conclure, nous pouvons dire que si la pratique de la psychanalyse peut être amenée à être adaptée, elle ne doit pas pour autant être pleinement métamorphosée, car son but fondamental doit rester le même : accompagner l’analysant à plus d’intériorité, de profondeur, de guérison.